Avec son nouvel album "Time Flies" Pierre Omer renoue avec la veine folk rock de ses débuts. Sauf que pour l'occasion il s'est entouré d'une dizaine de musiciens, s’autorisant des orchestrations envoûtantes qui donnent de véritables allures cinématographiques à ses chansons, chroniques de la frénésie et de l'aliénation contemporaine pour certaines, antidotes nostalgiques pour les autres, qui ne sont pas sans rappeler Talk Talk de l'époque "Spirit of Eden", les Tindersticks ou encore le crooner Richard Hawley. Mais avec sa voix grave, son accent "mid atlantic" et ses cordes, Pierre Omer nous fait aussi débarquer sur l'autre rive de l’océan, celle d'un Scott Walker ou d'un Lee Hazlewood.
Time Flies, le temps file... C’est aussi un voyage stylistique, et peut-être même sociologique dans le temps. En prise directe avec l’urgence de notre contemporanéité, les textes reflètent cet emballement général qui est aussi facteur de confusion, d’errance, d’exil et d’aliénation (Still that girl, Time flies, Who’s that guy). Il emprunte pourtant au savoir-faire et aux moyens d’une époque révolue : celle d’un âge d’or de la chanson où la variété, la richesse orchestrale, dévolues à la dramaturgie des textes, relevaient encore d’une entreprise manufacturière. En ce sens, ce nouveau projet de Pierre Omer, qui mobilise une dizaine de musiciens en chair et en os, relève aussi d’un véritable tour de force, en une période de crise où l’humain, toujours davantage, cède le pas à des ersatz numériques.
Projet ambitieux de par son écriture, la richesse et la sophistication de ses arrangements, Time Flies pose Pierre Omer en authentique dandy folk, en crooner de l'Americana. Mais cet album est avant tout le fruit d’une étroite collaboration avec son ami et complice de longue date, le violoniste et compositeur Philippe Koller, auquel il a confié des chansons à l’état brut (guitare et voix) pour les retrouver ensuite parées d’une longue traîne où s’entremêlent les volutes d’une section de cordes et les stridences de guitares western-spaghetti, que le contrepoint de la chanteuse Lynn M, au timbre si voluptueusement canaille, vient encore enrichir le temps de quelques duos.
Line Up
Pierre Omer - vocals, guitar
Philippe Koller - violin
Bernard Trontin (The Young Gods) - drums, percussion
Maude Steiner - guitar, vocals
Christoph Ryser (Hell’s Kitchen) - double bass
Francois Tschumy - pedal steel
Daniel Minten - violin
Giacomo Grandi - cello